L’envol
J’aperçois mon amour mon rendez-vous qui vient
Et j’espère ta voix, ultime acquittement,
Apaisantes caresses prévenant le néant
Que les gouffres promettent à mon corps qui s’éteint.
Lorsque l’on enfouira cette illusion de moi,
Antarctique relique, minérale raideur,
Discerneras-tu mon esprit libre et rageur ?
L’entreverras-tu qui s’échappe déjà ?
Non, tu ne verras rien des reflets du chemin,
Des hautes altitudes où les esprits tournoient,
Et j’aurais beau hurler comme cent chiens aboient,
Non, tu n’entendras pas ce qui n’est plus humain.
Comblée d’un amour qu’on imagine à peine,
Mon âme se baigne dans la mer pourpre et belle
Sous le feu tiède et bleu de l’épreuve nouvelle,
Et s’affranchit de toi, des chimères humaines.
Étourdi de joies, délivré des contraintes,
Dans cet imprévu et prodigieux voyage,
J’absous à jamais mes terrestres naufrages
Et n’entends déjà plus tes fébriles complaintes.
Le mort en mourant se rembourse de la vie ;
Il nous laisse le rouge et emporte le blanc,
Égoïste ravi il s’enfuit dans les vents
Et se perd à jamais en ivresses inouïes.
Émaillé d’alexandrins, ce petit recueil de poésies aborde les sujets les plus variés dans un style résolument classique, à contretemps des tendances actuelles. Premier ouvrage de l’auteur, il recèle quelques pépites que tout amateur de poésie devrait apprécier.
