Parmi les 9 types d’intelligence, selon Howard Gardner, il y a l’intelligence verbale (capacité à mettre des mots sur des émotions) et l’intelligence musicale (sensibilité aux sons, facilité à créer des sons). Selon son être, on s’exprime par les mots (littérature) ou par les sons (musique). Je n’ai pas la fascination des mots. Mais depuis l’âge de 10 ans, j’ai celle des sons musicaux. Auditeur d’abord, puis instrumentiste avec une dévotion pour la famille des cuivres. Pénétrer cet univers c’est l’ouverture sur des rencontres humaines qui partagent une intelligence musicale voisine (il n’y a pas deux cerveaux identiques, pas deux semblables perceptions et interprétations – au sens large – des sons reçus et émis). Certains, comme l’auteur, prennent conscience d’être un dépositaire d’une tradition, par exemple celle de la pratique des cuivres en France. En tant que témoin de celle-ci aux siècles d’avant. Le jeunisme efface la notion de chaîne de transmission et alimente l’oubli. L’oubli c’est la vraie mort. La participation contributive put être grande (Maurice André, Roger Delmotte, Roger Guérin…) ou humble. Elles importent toutes. Chaque vie compte. Témoigner de ces vies d’artistes, notamment chez les cuivres, lutte contre l’oubli. Et ce devrait être un devoir que de transmettre. Lutter contre la mort (l’oubli) et chaque vie compte sont deux déterminations qui trahissent les antécédents de médecin (aussi) de l’auteur. Les mots ne sont pas ici création artistique (écrivain), mais l’outil pour partager des informations précises, datées et chronologiques à même de faire justice aux artistes (de la trompette), dans un lieu (la France), à des époques précédentes (XIXe et XXe siècles), avec le vécu nécessaire à la crédibilité (pratique de l’instrument, fréquentations dans la vraie vie des musiciens). Cela l’IA, artificielle (dans tous les sens du mot) mais pas intelligente à l’échelle humaine (intuition, esprit de synthèse), ne le permet pas. Esclave de l’univers numérique, elle ne fréquente pas les bibliothèques. Il y a tant d’absents chez internet, tant de superficialité, d’approximations. C’est l’humain qui a la charge de transmettre. C’est l’objet de mon livre, Memories of you. Mon monde de la trompette en France, de Arban à Maurice André (éditions Maïa) : « Le livre de Michel Laplace interroge sur la perte irrémédiable que constituerait la non édition de tels souvenirs. » (Le Journal du Pays Salonais & du Pays d’Aix, automne 2025, n°123, page 4).
Michel Laplace, 2 décembre 2025
Michel Laplace, auteur du livre Memories of You – Mon monde de la trompette en France, de Arban à Maurice André.
