
En tant que cinéphile averti et amoureux du 7ème art, j’aimerais partager avec vous ma passion. Nous
allons explorer comment le cinéma, né à la fin du XIXᵉ siècle, s’est nourri des bouleversements du XXᵉ, et comment, en retour, il en a façonné l’imaginaire collectif.
Le cinéma est apparu presque en même temps que la société industrielle moderne. Les films des frères Lumière ou de Méliès reflètent déjà l’émerveillement face au progrès, mais aussi la fascination pour l’imaginaire. Puis au fil du siècle, chaque événement majeur trouve une traduction cinématographique. La Première Guerre mondiale inspire des films comme À l’Ouest, rien de nouveau (1930), qui traduit le traumatisme des tranchées.
Le cinéma a aussi été utilisé comme arme politique. Les régimes totalitaires du XXᵉ siècle l’ont compris : pensez à Le Triomphe de la volonté de Leni Riefenstahl dans l’Allemagne nazie, ou au cinéma soviétique d’Eisenstein qui exaltait la révolution.
Mais il ne faut pas oublier qu’il a aussi servi à critiquer. Chaplin, avec Le Dictateur en 1940, tourne en dérision Hitler et propose une lecture morale et humaniste.
Après 1945, le cinéma accompagne l’essor de la société de consommation et de loisirs. Hollywood devient un empire culturel mondial, diffusant le rêve américain.
Mais à côté, le cinéma néoréaliste italien, par exemple avec De Sica (Le Voleur de bicyclette), montre une autre réalité : la pauvreté et les cicatrices de la guerre. On peut dire que le cinéma est aussi un lieu de mémoire. Des films comme Shoah de Lanzmann ou Il faut sauver le soldat Ryan tentent de transmettre l’expérience de la guerre aux générations suivantes. Au-delà de la guerre, il a aussi documenté les mutations sociales : la libération des mœurs dans les années 60, la mondialisation, la lutte pour les droits civiques.
L’histoire du cinéma est intimement liée à celle du XXᵉ siècle. Le cinéma n’a pas seulement reflété les événements : il a participé à les interpréter, à les transmettre, et parfois même à les influencer. Peut-être est-ce là sa véritable puissance : être à la fois mémoire, critique et rêve.
Yannick Bruni, auteur du livre Le Destin fabuleux de Charles Vérité
