Skip to content Skip to footer

Entretien avec Nicolas Schweitzer – Frida et le peuple de la forêt

Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?

De la satisfaction, bien sûr. D’autant que c’était avant tout un modeste cadeau pour ma fille que je n’avais pas prévu d’envoyer à un éditeur.

J’ai ressenti également une certaine gêne, car j’y ai mis beaucoup de moi, même si les pistes sont brouillées !

J’utilise l’écriture comme exutoire depuis mon adolescence. Et cela a toujours été quelque chose de « secret », que j’ai laissé dans les tiroirs. Lorsque vous êtes adolescent ou même jeune adulte, vous écrivez et ça vous sort des tripes. Forcément, plus tard, ça semble naïf. Du coup, rendre cette modeste histoire publique, c’était prétendre que ça valait la peine d’être lu, évoquer ma fille, me mettre un peu à nu… Ce n’est pas une chose avec laquelle je suis à l’aise.

Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?

Les retours – lorsque j’ai eu la chance d’en avoir – des enfants comme des adultes sont plutôt bons. On m’a bien entendu indiqué quelques maladresses, ce qui est précieux afin de progresser à l’avenir. On m’a également reproché une histoire bien trop courte, d’être avare de détails sur les personnages. J’ai donc raconté la jeunesse de certains d’entre eux. C’est à lire gratuitement ici : https://fr.calameo.com/books/0002590009e78710e8372

Plusieurs personnes sensibles au paganisme (pour lequel j’ai un intérêt historique et poétique) ont compris ce qui se cachait derrière certains personnages, de « La Dame du Lac » au « Peuple de la forêt »  en passant par l’évocation du légendaire Graoully qui n’est plus, dans mon histoire, le terrible monstre païen que Saint Clément jette dans la Seille mais une bête bienveillante qui protège les messins…

C’est une vraie satisfaction car c’était une sorte d’hommage, de « devoir de mémoire », très universel de mon point de vue, à l’égard de nos ancêtres bien souvent torturés ou massacrés pour se convertir à la religion du Dieu unique. Et les femmes, particulièrement, ont payé un lourd tribut… Je pense notamment aux sorcières brûlées, dont beaucoup pas très loin de chez moi (au lieu-dit des « quatre tilleuls »), à une époque pas si lointaine où il y avait un réseau de prétendues « sorcières » très actif entre Plappeville et Woippy…

A une époque où l’obscurantisme progresse et où le scientifique recule, ça me semble intéressant de parler de tout cela.

Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?

Je n’ai pas rédigé en essayant d’être original, aussi je ne sais pas si le terme est adéquat. Je cherchais surtout à reconstituer une atmosphère que je ne respirais plus depuis longtemps, ou trop peu souvent… le tout en distillant quelques messages ici ou là. Certains semblent avoir été parfaitement reçus par des lecteurs. Même si tout n’est évidemment pas si binaire et caricatural, « Frida et le peuple de la forêt » prend un peu le contre-pied de l’époque : Avoir son propre cheminement et ne pas se laisser embrigader par les modes, les tendances, et l’effet de masse ; la solitude, l’observation et l’introspection plutôt que l’épilepsie moderne ; l’héritage culturel avant l’héritage matériel, etc.

Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?

Absolument pas. J’ai d’ailleurs franchement manqué de méthode pour celui-ci et c’est un des points sur lequel il va falloir que je travaille. J’essaie simplement d’écrire lorsque j’ai le temps, ce qui n’est pas fréquent, en tentant de restituer les atmosphères que j’affectionne suffisamment bien pour que le lecteur s’y plonge aisément.

Envisagez-vous d’écrire un autre livre ? Si oui, sur quoi avez-vous envie d’écrire pour ce prochain livre ?

Oui, et je l’ai débuté en même temps que Frida… mais pour être honnête cela fait des mois que je n’ai plus le temps de m’y atteler. J’espère néanmoins achever mon manuscrit dans le courant de l’année prochaine, même si rien n’est moins sûr !

Ce sera toujours dans la même veine, toujours en essayant de valoriser ma région qui souffre d’une image industrielle désastreuse alors que le patrimoine naturel existe, et qu’il est largement sous-estimé !

Il y aura davantage d’actions également, et il sera moins enfantin sous certains aspects. Je reste donc sur les fondamentaux et les thèmes qui m’intéressent, les seuls qui m’apparaissent comme essentiels.

Nicolas Schweitzer, auteur de Frida et le peuple de la forêt, disponible sur le site des Editions Maïa. Cliquez ici pour le découvrir.