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La Nuit au Rouge

Une ogresse engendra deux jumeaux : L’un pourvu de tous les dons, grâces et qualités, il ne fut pas long à aiguiser sa faim, et fut donc  dévoré.

Le second, sa réplique parfaite, mais souvent  souillant ses draps comme un petit cochon, recouvrit  sous sa saleté,  sa bonne odeur de chair fraiche…

 Ecrire ce roman conte  où  il est question de jardin interdit, de chair fraîche, de magie rousse et de créatures légendaires, m’a  évidemment passionnée.  Mais attention !  Ne vous y trompez pas ! Il est strictement réservé aux adultes. Son rôle n’est pas,  comme dans les contes traditionnels,  de détourner l’angoisse de l’enfant des menaces réelles qui rôdent autour de lui : l’amour dévorant des mères; puisqu’il en est un des principaux thèmes,  avec son antidote : comment pouvoir  y échapper.

 Au départ, l’enfant modèle, la mère aimante, ressemblent presque à des archétypes.  C’est au fil de l’histoire que leur personnalité va prendre de l’épaisseur, s’individualiser.

La mère aimante, dès lors qu’elle aperçoit son fils en passe de s’affranchir,  va se découvrir à mesure que se fane sa beauté, marâtre plus effrayante.

L’être véritable de l’enfant lui sera révélé plus tard, à la fin,  lorsqu’après avoir accompli le cycle des métamorphoses,  aura surgi l’œuvre au rouge. Car le rouge est bel et bien le fil conducteur du drame : rouge, le feu, rouge, la rousseur, rouge, la rébellion, rouge, la transgression, rouge la quête d’identité. .

Entrer dans La Nuit au Rouge,  c’est monter à bord d’une nacelle de l’étrange,   c’est expérimenter un voyage entre les années soixante, et le temps indéfini des “il était une fois »  Dès le pont d’embarquement franchi du premier chapitre, on se retrouve  ballotté entre les remous d’un réel oppressant, et l’évasion vers un ailleurs nimbé de merveilleux.   Il y a pour nous accompagner,  le malaise lentement distillé  de la tension narrative,  la musicalité de la langue,  l’imagination baroque,  les  métaphores qui font mouche, et  sont autant d’invitations à relever le bout du  nez de sa page,  pour humer la poésie qui s’en dégage.    

Anne-Marie Vialle