
J’ai toujours aimé lire et écrire. Plus jeune, j’étais comme Charlie, un gamin bourré
d’imagination, qui pouvait passer des heures à construire des histoires dans sa tête. A l’école, il
m’arrivait souvent d’être dans la lune, comme on dit. Pourtant, je me voyais plutôt sur la lune ou
voyageant à travers l’espace à la recherche d’aventures.
Quelques années plus tard, je me souviens d’une réunion entre parents-professeurs dans
laquelle mon ancienne professeur de français avait vivement encouragé ma mère à faire de moi un
écrivain. J’en étais resté bouche-bée. Je crois n’avoir jamais vu ma mère être aussi fière de moi. Elle
en avait parlé à toutes ses amies, évidemment. C’est à ce moment que j’ai eu la conviction qu’un
jour, j’écrirais un livre.
influencé dans mon écriture. S’il ne compose pas avec les mêmes thématiques, c’est son idée de
réalisme-magique que j’ai cherché à reproduire.
Enfin, j’ai également été fortement inspiré par l’univers des jeux vidéo. Notamment par L.A Noire,
développé par Rockstar Games qui a été une merveilleuse source d’inspiration dans son ambiance et
dans ses décors. On retrouvera d’ailleurs dans mon livre, un décors de cinéma abordé dans le jeu.
Ensuite, j’ai composé ce récit avec l’idée de laisser au lecteur le choix de l’interprétation du
pouvoir du chapeau. L’histoire suit les aventures de Charlie après son arrivée à Los Angeles à la fin
des années cinquante. Il va rapidement faire l’acquisition d’un chapeau qui va changer le cours de sa
vie. Vivant jusqu’alors dans l’ombre de son grand frère, il va désormais réussir tout ce qu’il va
entreprendre : se hisser au sommet de la principale organisation mafieuse de la région tout en
parvenant à rencontrer le grand amour avec Rose-Marie, une jeune serveuse inaccessible pour le
commun des mortels.
Ce ne sera qu’aux portes de la mort qu’il prendra conscience du pouvoir qui semble émaner de son
chapeau. Mais en réalité, il n’est jamais affirmé que le chapeau possède réellement un pouvoir
magique qui placerait son détenteur au-dessus des autres hommes.
Pour certains, le chapeau détiendra réellement une source de pouvoir magique car les évènements
sont trop rapprochés dans le temps pour n’être qu’une coïncidence. De plus, l’acquisition qui est
faite du chapeau dans cette étrange boutique semble trop énigmatique pour être réelle. Pour
d’autres, la chance de Charlie ne proviendra que de la confiance en lui qu’il vient d’acquérir. Il semble
d’ailleurs naturel que cette deuxième interprétation finisse par dominer le récit. Toutefois, le dernier
chapitre remet en question ce point de vue.
Si au fil du récrit, on s’attache à Charlie, de par les difficultés qu’il rencontre, son manque évident de
confiance en soi et la fragilité qu’il manifeste, on peut finir par s’en détacher lorsqu’on le voit
évoluer. Je souhaitais créer un personnage ambivalent, qui se transforme au travers de l’histoire, qui
cherche à améliorer sa situation sans forcément y parvenir. J’ai cherché de cette façon à ce que
chacun puisse s’interroger sur le rapport avec soi. Est-ce que nous nous connaissons vraiment et
jusqu’à quelles limites ? ou bien n’est-ce qu’à travers le rapport aux autres que nous nous
définissons ?
J’aborde le thème de la confiance en soi et de la recherche de soi d’autant plus que ce sont des sujets
très actuels dans nos sociétés où les réseaux sociaux sont omniprésents, où les livres sur le
développement personnel se classent parmi les meilleurs ventes et où nous perdons confiance en
nos propres moyens lorsque, tout comme Charlie, nous comparons le chemin que nous avons
parcouru avec celui de nos modèles.
Enfin, ma dernière idée était de créer un milliers d’histoires réunies dans une seule. J’ai
utilisé la méthode de la réincorporation que j’ai apprise dans mes cours de théâtre d’improvisation
pour faire revenir à des intervalles régulières certains éléments abordés plus tôt dans l’histoire. C’est
par exemple le cas avec l’histoire des colons poursuivis par un indien, celle du cheval ailé de James,
du chat des voisins et toutes les autres scènes de vie produites par l’imagination débordante de
Charlie. Je clos d’ailleurs le dernier chapitre par une réincorporation générale car selon moi une
œuvre ne devrait jamais être simplement linéaire et uniforme. Toute la richesse de l’écriture et la
beauté de l’imagination réside dans la possibilité de cacher un milliers de récits dans une même
histoire.
Extraits
Chapitre 1 page 1
Le vent soufflait fort ce jour-là. Charlie n’aimait pas le vent. La pluie ne le dérangeait pas, elle
lui permettait de rouler à travers une ville déserte au volant de sa splendide California Spyder. Mais
le vent il n’aimait vraiment pas.
Chapitre 2
« Tandis que son frère poursuivait un chemin qui semblait avoir été tracé d’avance, Charlie, lui s’était
égaré dans un marécage brumeux. Il avait traversé les dernières années de sa vie les yeux bandés,
tatonnant à travers le brouillard pour s’accrocher à un but insaisissable sans pouvoir compter sur des
miettes de pain pour le guider. Pour retrouver la bonne voie, il lui fallait s’extraire de ce bourbier. Ce
qui signifiait qu’il lui fallait quitter sa ville natale »
Chapitre 3 page 26
Sur le moment, Charlie n’eut aucune réaction. Son cerveau venait de faire le vide, comme si
mécaniquement, il s’apprêtait à subir l’onde de choc qui allait s’abattre sur lui d’un instant à l’autre.
Son rythme cardiaque s’accéléra tout d’abord, son corps se figea entièrement et bientôt tous ses
sens se mirent en alerte. À peu de choses près, on l’aurait pris pour un chasseur-cueilleur qui venait
de se faire surprendre par un prédateur sauvage. C’était un expéditif retour en arrière à l’âge de
pierre qui avait contraint son cerveau reptilien à ressurgir. Son corps avait pris le pas sur toute
pensée rationnelle comme à chaque fois qu’il avait fait une grande découverte. Et à cet instant
précis, c’était incontestablement, la plus grande découverte qu’il venait de faire de sa vie.
L’intervalle qui suivit le marqua à jamais. Une explosion venait de souffler l’intégralité de son
être, depuis la plus infime pensée originelle, créatrice de chaque sentiment, jusqu’à engloutir le
monde entier. Des images et des sons apparurent soudainement. Mais d’une manière abstraite,
comme ces images lointaines, bribes de rêves, qui s’évaporent lors du réveil. Puis, quelqu’un,
quelque part, la main de Dieu peut-être, avait agité une gigantesque loupe cosmique au-dessus de ce
brouhaha de perceptions pour finir par les décrypter.
Chapitre 9
D’habitude, Charlie ne se souvenait jamais de ses rêves. Celui qu’il fit ce soir-là était
particulier. Il se voyait franchir la porte du Nel’s vêtu d’un magnifique costume trois-pièces et d’une
paire de chaussures italiennes qui pouvait, lui semblait-il, lui donner le pouvoir de s’élever à quelques
centimètres du sol.
Les projecteurs étaient braqués sur le centre de la pièce où l’on distinguait une silhouette,
immobile. Charlie avança, guidé par une puissance qui le dépassait totalement. C’était la divine Rose-
Marie qui l’attendait en affichant son plus beau sourire. Elle portait une robe blanche ajustée à la
taille et ses cheveux étaient plus longs que d’habitude, de telle sorte que ses belles boucles blondes
venaient effleurer le bout de ses seins. Elle paraissait calme et enjouée à la fois, on aurait dit qu’elle
avait attendu ce moment toute sa vie.
Elle tendit une main vers Charlie qui la prit par la taille et tous les deux commencèrent à
valser, lentement. Les projecteurs suivirent leurs pas tandis que le rythme s’intensifiait. Bientôt, le
toit du restaurant disparut, révélant un ciel sombre qui s’unissait à merveille avec les petites flammes
blanches dont on l’avait recouvert. Le rythme s’accéléra encore et Charlie remarqua tout à coup que
ses pieds ne touchaient plus terre, le couple continuait à danser tandis qu’ils s’élevaient dans les airs.
C’est alors qu’ils quittèrent le Nel’s pour surplomber le quartier et se dirigèrent vers le centre-ville.
Los Angeles avait été vidé de ses habitants et le couple se déplaçait paisiblement en suivant la
variation de couleurs émises par les néons des devantures de cafés et de cinémas. Ils se hissèrent
d’avantage et cette fois-ci ils parcoururent des villes et des régions entières, apercevant à la fois des
lacs baignés de lumière et des monts enneigés.
Charlie sentait qu’il émanait de lui un pouvoir incroyable, il leva alors le bras et dans un geste
théâtral fit pleuvoir un essaim de comètes sur une région qui lui était étrangère. Il se tourna vers
Rose-Marie qui lui souriait toujours autant, elle semblait admirative et profitait du spectacle. Il
désigna ensuite une autre partie du monde et y fit élever un lac de cratère entouré d’une végétation
luxuriante. Rose-Marie l’applaudissait à présent. Il poursuivit en gommant un bout de végétation
pour y ajouter une civilisation moderne. À la manière d’un peintre, il soignait son œuvre en rectifiant
le tracé d’une route ou en redessinant un port. Il chercha à nouveau le regard de Rose-Marie mais
celle-ci avait disparu.
Ne s’était-il donc pas aperçu qu’elle avait arrêté de l’applaudir ? L’inquiétude le gagna
rapidement et il réalisa qu’il était à présent seul, dans le noir le plus complet. Il hurla le nom de celle
qu’il aimait mais aucun son ne sortit de sa bouche. C’est alors qu’il se réveilla, son débardeur lui
collait à la peau et il lui fallut un moment pour reprendre ses esprits. Il pensa brièvement à ce qu’il
venait de vivre, puis se rendormit.
Chapitre 10
Ils glissaient paisiblement sur l’asphalte, reliés par le fil d’un marionnettiste qui maintenait
une allure constante tout en écartant les autres voitures sur leur passage. La California Spyder avait
trouvé le secret pour fendre le vent et ne le partagerait avec personne. Un sentiment de puissance
extrême, né d’un vrombissement de moteur, enflammait chaque pièce qui composait le cabriolet,
pour finir par se loger au sein du cerveau de Charlie.
Chapitre 11
Au loin, de très légères rides à la surface de l’eau se frayaient un chemin jusqu’au large où,
métamorphosées en belles vagues tourbillonnantes, elles finissaient par se rejoindre et former une
imposante ligne horizontale. Dans ce reflux continuel, chaque vague était indépendante et pourtant
indissociable des autres, comme si depuis la création de la terre et des océans, on leurs avait promis
qu’en échange d’un effort commun, lors d’un instant bref mais exceptionnel, elles auraient un rôle
propre à jouer.
Chapitre 29
« Ne réalises-tu donc pas ? Si tu es parvenu au milieu de la jungle, alors le reste du monde te seras
beaucoup plus simple à découvrir »
Emir B. Besic auteur du livre Le chapeau.