
Le lac Baïkal, c’est, au cœur de la plus importante masse continentale, la plus importante masse d’eau douce liquide de la planète. Connu des Chinois depuis l’Antiquité, il n’est découvert par les Européens – une petite troupe de Cosaques conduite par Kourbat Ivanov – qu’ en 1643, soit I siècle et demi plus tard que l’Amérique ! Désigné sous le nom de mer dans les premières cartes, tant est forte l’impression qu’il provoque, il est l’objet d’études mobilisant en permanence d’importants moyens qui mettent en évidence son exceptionnalité absolue. En 1 996, il est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNES
Le Baïkal est le lac de tous les records. Record de profondeur : 1 637 mètres. Record de volume : 23 600 km 3 (plus que la mer Baltique). Record d’ancienneté : 25 millions d’années. Record de nombre d’espèces endémiques animales et végétales. Record de transparence : 42m (14 m pour le lac d’Annecy)
Il faut ajouter la pureté de ses eaux, affirmation surprenante pour qui sait qu’une gigantesque usine de cellulose, installée sur la rive sud-orientale, a rejeté des polluants dans le lac pendant un demi siècle. Plusieurs pages sont consacrées à la question de la pression anthropique exercée sur le Baïkal et aux mesures importantes – création d’immenses zones protégées sur le bassin versant – mais contradictoires – construction de l’usine de cellulose – prises par à l’époque soviétique et depuis la disparition de l’URSS au profit de la Russie. La question est exposée avec rigueur, sans aucune espèce d’a priori. Est également exposé le problème de l’impact de la pression touristique récente et du réchauffement climatique.
L’exceptionnalité du Baïkal est aussi celle de son environnement humain et culturel. Le Baïkal est le lieu de rencontre des mondes russe orthodoxe sur ses rives occidentales, bouriate apparenté aux Mongols, bouddhiste et surtout chamaniste sur ses rives orientales. Il est au cœur d’une riche tradition orale née chez les populations vivant sur ses rives avant l’arrivée des Russes, à l’origine de la publication de contes connaissant un très large succès.
Philippe Guichardaz auteur du livre Baïkal – Mer sacrée