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Nomade, le meilleur endroit du monde

« En 2013, en Russie, a été votée une loi interdisant la « propagande de l’homosexualité » ; cette loi a entraîné la disparition de l’homosexualité du paysage public et laissé la voie libre aux violences exercées contre les homosexuels par des groupes organisés. C’est dans cette Russie que se déroule l’histoire de Ksusha, mathématicienne douée, et de son amour pour Lounia.

Ce roman d’initiation raconte la nécessité de la fuite hors de sa famille et de l’exil choisi vers d’autres pays comme derniers recours contre les injustices et les violences, et surtout contre l’effacement de son identité et de ses désirs. »

J’ai écrit ce roman en 2019. Depuis, la condition des minorités sexuelles s’est dégradée de manière inquiétante et rapide dans de nombreux pays de l’Est : en Tchétchénie, où la Charia est appliquée, les homosexuels et les personnes trans sont traquées par la police, torturées et généralement assassinées par leur propre famille ; plus récemment et en Europe, la Pologne suit le même chemin, tracé cette fois par des ultra-conservateurs catholiques : quasi-suppression du droit à l’avortement et pressions d’une politique ouvertement homophobe pour invisibiliser les LGBT+, comme ces « zones anti-LGBT » qui fleurissent dans le pays, puis en Hongrie avec une nouvelle loi qui tend à imiter la loi russe interdisant la « propagande de l’homosexualité ».

Mais cette répression s’accentue aussi dans d’autres pays, tels que le Brésil depuis l’arrivée de Bolsonaro au pouvoir, ou encore la Turquie, qui s’est par ailleurs retirée de la convention d’Istanbul (les droits des femmes étant souvent attaqués en même temps que ceux des LGBT+). La liste n’est pas exhaustive…

En France et dans bon nombre d’autres pays européen ou d’Amérique du Nord, ça va plutôt bien ; même s’il y a encore de quoi s’énerver régulièrement, la loi penche nettement en faveur des droits et de la protection des minorités sexuelles. Mais ces avancées sont encore récentes si on les rapporte aux siècles de discriminations qui les ont précédées ; elles sont donc fragiles, ne l’oublions pas.

Alors souvent, je me demande avec inquiétude : et si l’extrême droite prenait le pouvoir ? Si un Trump ou un Bolsonaro arrivait à la tête de l’État ? Verrions-nous à notre tour, en France, une dégradation des conditions de vie des femmes et des LGBT+ ? Ou bien sommes-nous déjà trop solides pour ça ?

Anna-Livia Marchionni